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Pauline P. Raybaud
Old Perspectives
Et de ses doigts coula une encre noire
qui vint teinter de sang des mots que bientôt personne ne lira
Au premier plan, l'odeur d'un carnet
Un arrière goût boisé d'un paysage qu'on pourrait imaginer indien.
Une touche féminine au creux des pierres, lasse et intrigante.
C'est une odeur qui ne vient pas de loin,
Et combien elle m'est étrangère


Pluie dessine sur les routes
Des sillons de rivières
Cimes d'arbres angoissants s'éclipsent
Bleu pur dans un dernier soupir
Maisons rangées solitairement par deux
Un homme court
Et l'herbe en passant se laisse ternir.
Ce train a la force des images qui se terminent







Quelques beiges d'une île de l'Ouest,
le petit bleu d'un hiver Moldave,
et la tiède pierre d'un pays plat.
Des doigts robustes et fiers
Usés et doux entre les rides.





Ce sont alors les os d'un vieux volet
Qui dans leurs craquement lui laissèrent voir
La figure qui déjà disparaissait
De celle dont l'iris donne le pouvoir
Aux vestiges
de laisser leurs larmes sécher dans le noir
Les chuchotements de la vitre
contre le souffle du vent
Le silence de la nuit
Qui teinte de son cris
Le tremblement cadencé des sièges ternis
La tête de ma voisine qui se penche en disgrâce
Et la cohue monotone de la vie
Que seule reflète une lumière jaunie.
Et la houle toujours qui déverse sur mon coeur
L'ivresse des joies ramenées d'ailleurs
Qui s'évaporent comme elles sont arrivées
Ne déversant que leurs pleurs
Sur mes membres échoués
La nuit bientôt viendra dévorer
Ce qu'il reste de cette digue
Et je me laisserai emporter
Dans le flot de ma fatigue
Les fissures de son corps
Alors
S'étranglèrent au rythme de mes mains
Je me suis laissée emportée entre les lignes d'un autre tout au long du trajet
J'ai regardé dans les yeux cette chaise sur laquelle je me suis lovée
il y a déjà cinq ans, peut-être trois, ou juste entre les deux
Sur cette chaise le temps s'est arrêté
Je n'ai jamais tant ri,
Je ne fus jamais si belle.
Tourbillon d'existence
N'ai-je jamais quitté cette chaise?
Ce ciel gris?
Je rêve d'amour sans le vouloir
De me donner sans lendemain
Un moyen d'arrêter la réalité
Et mon coeur se serre.
De s'être laissé emporté dans les lignes d'un autre, tout au long du trajet.
Je me suis réveillée comme dans le bleu du ciel
A la sortie de la gare
Bruxelles
Devant moi les pages du livre
En suspension
Comme dans l'attente
Et je m'ennuie
Même le sommeil ne veut de moi
Seul un reste de pleurs me coule dans le dos
Le livre maintenant s'affaisse
Et mes phrases s'effacent
Lasses d'attendre la fin de ma paresse
Copyright © Pauline P. Raybaud
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